GV15 page 5 :     Larboust : Ombres et Lumières en Larboust, par André Sangay.

 

BILLERES - article 1. article 2

 

Loin d’elles il m’arrive de penser : « les Pyrénées sont les plus belles montagnes du Monde, le Larboust, la plus belle vallée et donc la plus belle vallée au monde » : aimable et faux syllogisme bien sûr et qui n’engage que mon cœur !

 

Au fait, ami lecteur, toi qui sais où se niche la Vallée Heureuse au fin fond de l’Inde, saurais-tu situer le Larboust dans le dédale pyrénéen ?

Vallon suspendu en plein ciel au cœur des Pyrénées Centrales, rien au premier abord ne semble le différencier des autres vallées : une Neste folle, des villages en grappe brillant de toutes leurs ardoises au milieu d’un bocage verdoyant et qui résistent vaille que vaille à l’avancée des taillis, tout cela au-dessous des forêts et des pâturages tout là-haut, sous la bienveillante protection des plus hauts sommets de la chaîne.

Et pourtant, à y regarder de plus près l’ordonnancement du paysage dans ses aspects physiques autant que dans la marque humaine diffère très sensiblement de celui des grandes vallées Nord-Sud, ses voisines qui entaillent les Pyrénées jusqu’à la crête frontière ; il obéit en effet à trois facteurs essentiels dont la conjonction très rare si près de la haute crête lui donne une grande originalité : une orientation nord-est, la présence d’un synclinal (ondulation des couches vers le bas) dans des roches primaires tendres, la proximité immédiate des grands bassins du Port d’Öo à haute altitude dont les eaux puis les glaces ont à la fois évidé et empâté notre petit berceau.

Un glacier de 700 mètres d’épaisseur dans sa période boulimique – comme en témoignent les blocs granitiques posés sur les coupes calcaires de la montagne d’Espiau … ça creuse et ça dépose … D’où ces larges épandages glaciaires tapissant la vallée, vaste manteau d’émeraude des prairies d’aujourd’hui ; d’où ces éperons tronqués sur la soulane derrière lesquels se blottissent les villages au débouché des vallons secondaires dont les ruisseaux ont fait tourner les moulins pendant des siècles ; d’où ces blocs cyclopéens qu’ordonnaient et adoraient nos lointains ancêtres sur la montagne sacrée d’Espiau.

Des roches calcaires sur la soulane du Haut-Larboust et donc des sols et des pâturages plus secs, une stricte réglementation de l’irrigation jusqu’à il y a peu ; de grands troupeaux ovins parcourant la lande à callune d’Espiau, des villages aux murs clairs ; davantage de schiste et de granite dans les terroirs du bas – Larboust, une humidité plus fore, une large extension des forêts à l’ombrée, des villages plus sombres, plus sévère …

Une orientation ouest-est et c’est une opposition climatique essentielle entre la soulane du haut Larboust « terra haouta » très ensoleillée et le fond de la vallée « terra bacha » ainsi que l’ombrée « oumbré » beaucoup plus frais.

Enfin la quasi « fermeture » de ce bassin d’altitude bien exposé détermine un micro-climat d’abri qui en fait une cellule beaucoup moins froide en hiver que ses voisins d’Oueil, du Louron ou de la Pique.

 

 

 

 

 

Eglise originale du hameau de Bernet

Elle dispose de 2 absides.

A l'intérieur 2 statuettes en bois polychrome sont visibles.

 

 

 

 

 

La vallée aujourd’hui

 

Grâce à un découpage administratif tenant compte de pratiques agro pastorales ancestrales, le Larboust a annexé les vallées du Lys et d’Ôo avec leurs forêts, leurs eaux et leurs immenses pâturages, ce qui a contribué à en faire une unité prospère et convoitée, au Moyen-Age notamment, enjeu de luttes entre les maisons de Bigorre, de Comminges et de Foix. Ainsi n’est-il pas étonnant que la population ait été nombreuse dès la Préhistoire comme semblent l’indiquer la présence de vastes nécropoles mises à jour à Garin et sur Espiau où les pasteurs de l’âge du Fer attirés par le minerai, l’or et l’antimoine de la vallée, incinéraient leurs morts.

A l’époque gallo-romaine, les villages existaient déjà et le Moyen-Age vit s’édifier tout un chapelet d’églises romanes dont la plus belle est celle de Saint-Aventin dédiée au martyr du Larboust.

La prospérité liée à l’agro-pastoralisme florissant au temps des lies et passeries, connaît ses limites dès la fin du XIXème siècle ; le déclin se poursuit tout au long du siècle suivant avec pour cause et conséquence une véritable hémorragie démographique : en effet, en moins de 200 ans, le Larboust perd 85% de ses habitants ; même pas 700 aujourd’hui pour les 11 villages dont deux seulement (Garin et Öo) dépassent, de peu, la centaine …

Crise de l’économie traditionnelle, certes, comme dans toutes les campagnes françaises mais une crise paradoxalement aggravée par l’emprise de Luchon sur les vallées voisines : combien de jeunes et surtout de jeunes filles ont quitté le Larboust pour aller travailler dans un hôtel ou aux Thermes de la « Reine des Pyrénées » ? Aujourd’hui encore les nombreux emplois municipaux attirent les larboustois. Souvent même Luchon a servi de tremplin pour des départs plus lointains et définitifs.

Cet exode continu de la jeunesse (« Il faut que tu t’en ailles, parce qu’ici, tu n’as pas d’avenir »), outre le vieillissement dramatique de la population – moyenne d’âge oscillant entre 55 et 65 ans – a provoqué le tarissement des initiatives : il est à cet égard remarquable que la seule grande réalisation larboustaise de ces derniers lustres, la station de ski des Agudes devenue Peyragudes après sa fusion avec la station de Peyresourde dans le Louron, ait été, à l’origine, le fruit d’une volonté extérieure à la vallée !

Depuis quelques années cependant, l’état d’esprit est en train de changer : des jeunes veulent « rester au pays » ; à cette évolution des mentalités plusieurs raisons ; le chômage et la crise en ville, l’affaiblissement du rôle-frein de Luchon avec les difficultés du thermalisme (23 000 curistes contre 40 000 il y a une vingtaine d’année) ; l’installation dans les villages de quelques nouveaux venus avec leur savoir-faire (et la libération informatique), l’évolution du tourisme de montagne favorable aux parties hautes des vallées avec comme preuve éclatante le succès de Peyragudes (33,7 milliards de chiffre d’affaire cet hiver, une quinzaine d’emplois permanents, soixante dix emplois saisonniers et des retombées économiques sur l’économie de toute la vallée).

 

A suivre

André Sangay

 

Voir également le Compte rendu

de la sortie du mardi 8 août 2000

sur les risques naturels en montagne:

1/2 journée (15h à 18h)- Départ devant la Mairie de Billière 31110.

Il fut rédigé sans la connaissance de ces articles sinon il n'aurait pas été fait.....

 

 

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